Comprendre le remboursement des appareils auditifs en 2024 (100% Santé audio)
2 millions. C’est le nombre de français ayant renoncé à des soins auditifs pour des raisons financières en 2018.
Les audioprothèses comptent parmi les postes de soins les plus onéreux. Avant la réforme 100% Santé, les personnes souffrant de problèmes auditifs devaient débourser plusieurs centaines, voire milliers d’euros, pour pouvoir s’équiper convenablement. En moyenne, le reste à charge au regard de la dépense totale représentait 56%.
Pourtant, les troubles auditifs ne doivent pas être négligés, car ils affectent la qualité de vie et la santé globale du patient. Fatigue, démence, dépression, isolement… Les effets en cascade sont nombreux.
Depuis 2021, la réforme 100% Santé a démocratisé l’accès à des soins et des équipements auditifs de qualité. Aujourd’hui, les assurés peuvent bénéficier de prothèses adaptées, de classe 1, avec un reste à charge 0.
Comment fonctionne la prise en charge des appareils auditifs ? Quelle est la différence entre un appareillage de classe 1 et de classe 2 ? Comment bénéficier du système 100% Santé ? Jaji répond à toutes vos interrogations.
Qu’est-ce qu’un appareil auditif ?
Un appareil auditif, c’est un appareil médical destiné à améliorer l’audition d’une personne. On parle aussi d’audioprothèses.
Ces appareillages peuvent convenir à des patients souffrant de surdités légères, modérées et profondes.
Contour d’oreille, écouteur déporté ou appareils intra-auriculaires ?
Il existe trois grandes catégories d’appareils auditifs.
- Les contours d’oreille. Ce sont les appareils auditifs les plus résistants et les plus puissants. En général, ils sont indiqués en cas de surdités moyennes à sévères. L’appareillage est visible, l’amplificateur auditif se plaçant tout autour du pavillon de l’oreille ;
- Les écouteurs déportés. On parle aussi de micro-contours d’oreilles RIC (Receiver in Canal). Ces audioprothèses, de petites tailles, sont destinées à compenser des surdités légères à moyennes. Elles sont plus discrètes et esthétiques que le contour d’oreille classique. En effet, elles sont placées derrière le pavillon de l’oreille et le son est conduit dans l’oreille au moyen d’un tube très fin, quasiment invisible ;
- Les appareils intra-auriculaires. Il s’agit de la solution la plus discrète, car elle s’insère directement dans le conduit auditif. Elle convient aux patients souffrant d’une perte auditive légère à moyenne.
Fonctionnalités de la liste A, de la liste B : de quoi parle-t-on ?
Les appareils auditifs proposent différentes fonctionnalités, pour s’adapter aux besoins de chaque patient. Celles-ci sont classées en deux listes : la liste A et la liste B.
Fonctionnalités incluses dans la liste A | Fonctionnalités incluses dans la liste B |
---|---|
Un système générateur de signaux ajustables permettant la mise en place des thérapies sonores de traitement de la perception des acouphènes | Une bande passante élargie ≥ 10 000 Hz permettant de capter des sons sur une étendue de fréquences de 0 à 10 000 Hz |
Une connectivité sans fil permettant un échange de données avec des dispositifs de communication sans fil (fonction télécommande et/ou Bluetooth) | Au moins 20 canaux de réglages permettant une amplification du son différente sur 20 plages de fréquences non chevauchantes différentes |
Un réducteur de bruit du vent qui permet une atténuation des basses fréquences générées par les turbulences à l’entrée du ou des microphones | Un réducteur de bruit impulsionnel permettant d’augmenter le confort d’écoute du patient en réduisant les bruits de durée inférieure à 300 ms |
Une synchronisation binaurale, permettant de synchroniser les traitements du son entre l’oreille droite et gauche le cas échéant | Une batterie rechargeable et son chargeur branché sur secteur associé, permettant de s’affranchir de l’utilisation de piles traditionnelles |
Une directivité microphonique adaptative (le nul de captation induit par la directivité en fonction de la localisation de la source de bruit s’adapte automatiquement en fonction de l’azimut de la source) | |
Une bande passante élargie ≥ 6 000 Hz permettant de capter des sons sur une étendue de fréquences jusqu’à 6 000 Hz mesurée au coupleur 2cc selon la norme NF EN 60118-0:2015* | |
Une fonction « apprentissage de sonie (Sensation de la variation d’intensité)» permettant l’enregistrement des modifications moyennes du volume apportées par l’utilisateur et d’appliquer ces changements soit automatiquement soit par l’intermédiaire de l’audioprothésiste | |
Un réducteur de réverbération assurant une gestion de la dégradation du signal liée aux réverbérations tardives (champs diffus) dans un local, au-delà de ce que peut permettre la directivité |
Rassurez-vous, en tout que patient, vous n’avez pas besoin de maîtriser toutes ces fonctionnalités. Votre audioprothésiste saura vous aiguiller pour vous proposer les appareillages les plus adaptés à vos besoins. Ces listes de fonctionnalités sont néanmoins importantes, car elles permettent de définir ce qui constitue un appareillage auditif de classe 1 et de classe 2 (nous y revenons en détail juste après).
Comment fonctionne le remboursement des appareils auditifs ?
Nous l’avons évoqué dans l’introduction, la réforme du 100% Santé offre aux assurés la possibilité de bénéficier du remboursement intégral de leurs appareils auditifs de classe 1.
Zoom sur le remboursement des appareils auditifs de classe 1
Pour entrer dans la classe 1, les appareils auditifs doivent avoir au moins 3 fonctionnalités de la liste A (que nous avons détaillé dans le tableau ci-dessus).
Ils doivent également avoir ces fonctionnalités :
- 8 canaux de réglages minimum ;
- Un système d’ajustement indépendant des sons faibles, moyens et forts ;
- Une distorsion harmonique inférieure à 3% pour un son plus naturel ;
- Une garantie 4 ans contre les pannes survenant au cours d’un usage habituel.
Ces appareillages sont soumis à un prix limite de vente qui varie en fonction de l’âge du patient.
Avant d’entrer dans le détail des modalités de remboursement, précisions que les équipements de classe 1 sont des appareils de qualité, que ce soit au niveau de leur esthétisme et de leur efficacité. Néanmoins, ils sont généralement moins performants que les équipements de classe 2.
Pour les personnes de plus de 20 ans, le prix est plafonné à 950€ (par oreille)
Le patient est entièrement remboursé. Le taux de prise en charge de la Sécurité sociale est de 60% (sur la base d’un tarif fixé à 400€ par oreille). La complémentaire santé rembourse le ticket modérateur, c’est-à-dire, la différence entre la base de remboursement et le montant remboursé par l’Assurance Maladie obligatoire.
Pour les personnes de moins de 20 ans et/ou souffrant également d’un handicap visuel, le prix est plafonné à 1400€ (par oreille)
Là encore, le taux de remboursement de l’Assurance Maladie est de 60% et la complémentaire santé prend en charge le ticket modérateur.
C’est ici l’occasion de rappeler que contrairement à certaines idées reçues, les problèmes auditifs ne touchent pas seulement les seniors. Si le système auditif se dégrade naturellement avec l’âge, les problèmes liés à l’audition touchent de plus en plus les jeunes et les adultes. En cause ? Nos habitudes (l’utilisation d’écouteurs plusieurs heures par jour notamment) et l’exposition quotidienne et prolongée aux nuisances sonores (transports, activités, etc.)
Zoom sur le remboursement des appareils auditifs de classe 2
Les aides auditives de classe 2, quant à elles, comprennent au minimum 6 options de la liste A et 1 option de la liste B.
Leur prix est fixé librement par l’audioprothésiste, et dans la grande majorité des cas, le patient aura un reste à charge à payer. Toutefois, certaines complémentaires santé (selon les garanties prévues dans le contrat) peuvent prendre en charge une partie ou la totalité du ticket modérateur.
Remboursement des audioprothèses : les modalités pratiques et le parcours de prise en charge
Vous souhaitez bénéficier de la prise en charge de vos appareils auditifs de classe 1 dans le cadre de la réforme 100% Santé ?
Avant toute chose, sachez que vous devez être assuré par un contrat de complémentaire santé dit solidaire et responsable. Ce type de contrat respecte un cahier des charges qui inclut notamment le remboursement intégral de certaines prestations dentaires, auditives et d’optique (dans le cadre du 100% Santé). Aujourd’hui, l’immense majorité des contrats de mutuelles (près de 95%) sont responsables.
Une fois que vous avez vérifié que vous êtes bien assuré, voici le parcours de prise en charge à respecter.
Première étape : la consultation avec un médecin généraliste spécialisé en otologie médicale ou un médecin oto-rhino-laryngologiste (ORL)
Vous avez des troubles de l’audition ? La première chose à faire est d’en parler à votre médecin traitant.
- Votre médecin traitant généraliste dispose d’une spécialisation en otologie médicale ? Dans ce cas, celui-ci pourra réaliser tous les examens nécessaires, poser un diagnostic et fournir une prescription d’un premier équipement audioprothétique s’il l’estime nécessaire ;
- Votre médecin traitant généraliste n’est pas spécialisé en otologie médicale ? Celui-ci vous orientera vers un médecin oto-rhino-laryngologiste (ORL). Après examen et si la perte auditive est avérée, l’ORL vous délivrera une ordonnance pour un premier équipement audioprothétique. Notez que le respect du parcours de soins coordonnés est nécessaire pour obtenir une prise en charge optimale de vos frais médicaux.
Deuxième étape : le rendez-vous avec un professionnel audioprothésiste
Une fois que vous avez obtenu votre ordonnance, vous devez prendre rendez-vous auprès d’un audioprothésiste. Ce professionnel de santé propose aux patients des audioprothèses adaptées à leurs pathologies et effectue les ajustements nécessaires.
À l’issue de votre rendez-vous, l’audioprothésiste vous communique un devis.
Ce devis doit obligatoirement vous proposer au moins une option pour un équipement auditif de classe 1.
Notez qu’une première consultation avec un ORL (ou un médecin généraliste spécialisé en otologie médicale) est indispensable avant toute consultation avec un audioprothésiste. En effet, l’audioprothésiste ne peut pas réaliser un appareillage sans la prescription de l’ORL.
Troisième étape : l’essai et l’achat de l’appareil auditif
Le choix d’un appareil auditif n’est pas à prendre à la légère, car celui-ci joue un rôle essentiel dans la vie quotidienne du patient. Avant de prendre une décision définitive, il est conseillé de tester l’audioprothèse pendant une certaine durée.
Les appareils auditifs de classe 1 incluent un essai gratuit de 30 jours avant l’achat final.
Quatrième étape : les rendez-vous de contrôle
Durant la première année de port de l’appareil auditif, le patient dispose de 3 rendez-vous de suivi sans frais supplémentaires. Ces consultations sont l’occasion de vérifier l’efficacité de l’appareillage et d’ajuster les réglages pour une personnalisation optimale.
Après la première année, le patient continue de bénéficier d’un suivi régulier, à raison de 2 consultations par an.
Le renouvellement des audioprothèses
Le renouvellement de la prise en charge des appareils auditifs ne peut intervenir qu’après une période de 4 ans à compter de la date de facturation de l’équipement.
Le patient doit se rendre chez son médecin généraliste ou chez un spécialiste ORL afin d’obtenir une ordonnance de renouvellement.
À noter que, pour les patients de moins de 6 ans, le renouvellement ne peut être réalisé que par un médecin ORL.
Rappel : comment bénéficier de l’offre 100% Santé auditive ?
Petit récapitulatif pour vous rappeler les trois grandes conditions pour bénéficier de l’offre 100% Santé auditive.
Première condition : souscrire à un contrat de mutuelle solidaire et responsable |
Quelle prise en charge des piles et accessoires ?
Les appareils auditifs fonctionnent à l’aide de différents accessoires (piles, écouteurs, coque, batterie…).
Ces accessoires sont également pris en charge à hauteur de 60 % par l’Assurance maladie, s’ils sont inscrits sur la liste des produits et prestations (LPP) remboursables.
Je prends soin de mes équipes avec une mutuelle engagée