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Alors que seulement 3% des salariés français télétravaillaient régulièrement en février 2020, ils sont près de 50% à avoir accès au moins ponctuellement à cette pratique aujourd’hui.
Pourtant, seulement trois ans après le début de la pandémie de covid-19, la tendance paraît déjà s’inverser tandis que de plus en plus d’entreprises encouragent leurs salariés à revenir au bureau.
Retour en arrière ou simple rééquilibrage des modes de travail ? Jaji mène l’enquête.
D’après l’Insee, 1 salarié sur 2 exerce actuellement une profession incompatible avec le télétravail : métiers de l’industrie, de la santé, du BTP et de l’agriculture entre autres.
Néanmoins, alors que 50% de français sont éligibles au télétravail, seuls 36% le pratiquaient régulièrement en 2022 selon une étude Statista. Malgré sa médiatisation, le télétravail reste donc un phénomène encore limité en France.
Une étude récente d’Econpol Europe portant sur un échantillon de 42400 répondants dans 34 pays développés montre d’ailleurs que les Français passent beaucoup plus de temps au bureau qu’à la maison. En moyenne, ils télétravaillent seulement 0,6 jour par semaine. C’est moins que le chiffre mondial estimé à 0,9 jour. On est bien loin des politiques 100% remote mises en place pendant les confinements.
Outre ce bilan national déjà mitigé, de grands acteurs corporate internationaux semblent désormais faire marche arrière en encourageant leurs employés à retourner au bureau. C’est le cas des multinationales de la tech comme Apple, Google ou encore Zoom. Connue pour sa plateforme de vidéotransmission qui a largement contribué à l’essor du télétravail pendant la pandémie, cette dernière a choisi d’adopter un modèle d’organisation hybride, incitant les salariés qui habitent à moins de 80 kilomètres d’un bureau de l’entreprise à être présents 2 jours par semaine minimum. Plus radical, le géant Google exige la présence de ses employés sur site pour 3 jours hebdomadaires minimum et envisage la mise en place de sanctions contre les dissidents. Des politiques RH surprenantes pour des sociétés qui ont encouragé et rendu le télétravail possible.
Alors, pourquoi un tel revirement de situation chez les fers de lance du futur du travail ? Le télétravail constitue-t-il une menace à long terme pour les entreprises ?
Force est de constater que le télétravail suscite encore des débats à l’échelle de la société.
Pour ses partisans, il comporte de nombreux avantages pour les salariés comme pour les entreprises. Celles-ci y voient la possibilité de réduire leurs coûts fixes, notamment immobiliers, en investissant des locaux plus petits. C’est également un bon moyen de réduire le taux d’absentéisme en permettant aux salariés de s’adapter aux aléas du quotidien lorsque cela est nécessaire. Plus encore, c’est devenu un critère d’attractivité indispensable côté marque employeur, afin de recruter et de fidéliser les talents.
“Je suis à côté de la mer, à la campagne. Je n’ai pas envie de changer de vie, ni de cadre de vie. Mes employeurs veulent me garder, donc on va encore s’arranger.” confie Jérémy au quotidien Ouest France.
Nombreux sont ceux qui, comme lui, ont trouvé grâce au télétravail un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle contribuant à leur santé mentale et qui ne souhaitent pas y renoncer ! C’est d’ailleurs la priorité numéro 1 des employés en 2022 si l’on en croit le baromètre des préférences salariés 2022 publié par JLL devant “Travailler dans une entreprise qui préserve ma santé et mon bien-être” et “Avoir un salaire confortable”. Moins de temps de transport, plus de flexibilité, un cadre de vie agréable… Le télétravail aurait donc tout pour plaire ? Et pourtant, certains dirigeants y sont toujours réticents.
Premier critère mis en cause : la productivité. Là encore, pas de consensus. Si les salariés se disent plus efficaces à la maison qu’au bureau, une étude menée par l’université de Stanford tend à prouver que la productivité des salariés chuterait entre entre 10 et 20% en distanciel. Ajouté à cela l’isolement, la perte de motivation et surtout la sédentarité induite par l’absence de déplacement qui favorise des pathologies comme les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) ou encore l’obésité. Ces motifs sont-ils suffisants pour faire demi-tour ? De chaque côté, les arguments marquent des points…
Depuis plusieurs années déjà, ce salarié impliqué travaille pour une entreprise installée à Paris tout en vivant à Lille. Il fait partie de ces Français qui profitent du télétravail pour s’éloigner de leur bureau et bénéficier d’un environnement plus épanouissant au quotidien. Un équilibre qui semblait plutôt bénéfique pour tous… À présent menacé par de nouvelles directives managériales.
En tant qu’employeur, et d’un point de vue légal, sachez que vous êtes tout à fait en mesure d’exiger le retour au bureau de vos employés. Le télétravail ne constituant pas un droit et étant encore considéré comme un mode d’organisation exceptionnel. Pour autant, 4070 accords collectifs d’entreprise et avenants sur le télétravail ont été signés en 2021 contre seulement 390 en 2017 (Pôle Emploi) : un chiffre qui illustre bien la tentative de régulariser et d’encadrer cette pratique. L’heure est au compromis : 72% des dirigeants se disent aujourd’hui prêts à accorder une souplesse de rythme entre présentiel et télétravail (Baromètre Télétravail et organisations hybrides 2022, Malakoff Humanis)… mais pas sans condition.
Pour être satisfaisante, la mise en place d’une organisation hybride nécessite plusieurs pré-requis. Les employés doivent d’abord disposer d’une connexion adéquate, d’un matériel informatique performant et d’un espace de travail adapté à domicile. Les managers doivent, quant à eux, évoluer dans leurs pratiques afin de maintenir une communication fluide et régulière, de renforcer l’esprit d’équipe et de véhiculer la culture d’entreprise. Plus encore, ils doivent être formés aux enjeux de cette nouvelle organisation et rester vigilants quant à la charge de travail de leurs collaborateurs pour qui la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle devient parfois ténue. Reste le sujet de la productivité qui devra être à l’avenir objectivé. Mais il y a fort à parier qu’un salarié épanoui en vaudra un et demi.
S’il est vrai que les chiffres montrent un net recul du télétravail en France, il est difficile d’imaginer un retour au 100% présentiel tant cette pratique semble bénéficier à la fois aux salariés et aux organisations. Celles-ci ont tout intérêt à envisager des modes de fonctionnement hybrides et encadrés alternant télétravail flexible et présence dans les bureaux. Tout sera alors question d’équilibre, d’adaptation et de confiance afin que l’humain puisse rester au centre de l’équation.
Je souhaite booster ma politique d’avantages salariés
