- Publié le 8 mars 2023
- Mis à jour le 31 mai 2023
Des organismes auxquels nous sous-traitons la gestion du tiers payant viennent de subir une cyberattaque, via l’usurpation d’identité de comptes de professionnels de santé.
Nous vous recommandons d’être vigilants : Pensez à changer régulièrement le mot de passe de vos espaces clients et boîtes mails. Ne transmettez jamais votre identifiant et votre mot de passe par email, SMS ou par téléphone. En savoir plus ici.
Vous souhaitez aller plus loin sur le sujet des salariés aidants ? Nous vous invitons à visionner le replay de notre webinar animé par des expertes du sujet.
Après des années d’invisibilité sociale, la question des aidants prend désormais de plus en plus de place dans le champ de la société. Dans le contexte professionnel, l’accompagnement des aidants constitue une étape essentielle à l’adaptation des entreprises au marché de demain. Les entreprises ont, en effet, un rôle crucial à jouer dans le soutien à ces salariés aidants. Pourquoi est-ce si important d’agir ? Quel rôle pour les dirigeants et les RH ? Pour répondre à ces questions, nous avons pu compter sur le précieux éclairage de Marguerite Noblecourt, Responsable partenariats et communication de Ma Boussole Aidants, et Aurélie Pierre-Léandre, Directrice de Handéo Services.
Onze millions de Français sont des aidants. Un chiffre qui donne le tournis ! Avant d’entrer dans le vif du sujet, commençons par définir le terme “aidants” : ce sont toutes les personnes qui viennent en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne d’une personne en perte d’autonomie, du fait de l’âge, de la maladie ou d’un handicap (d’après l’article 51 de la loi du 28 décembre 2015). Un aidant peut être un parent, un conjoint, un enfant ou toute autre personne de l’entourage proche.
Être aidant représente une charge de travail de tous les jours. Voici un éventail (non exhaustif) des tâches qui peuvent être assurées par les aidants :
Tous les aidants ne réagissent pas de la même façon, mais la multiplicité de leurs tâches représente généralement une source de stress, d’appréhension, de fatigue voire d’épuisement.
Le Docteur Hélène Rossinot évoque les conséquences sur l’un de ses patients aidants dans son livre Aidants, ces invisibles : “Patrick, 54 ans, compare la situation à un manège qui ne s’arrête pas. La sensation de perdre le contrôle, de ne rien maîtriser. Une fois de temps en temps, il aimerait pouvoir dormir une nuit complète. Pouvoir se reposer un week-end« .
La charge matérielle et affective qui pèse sur l’aidant d’une personne peut être mesurée à l’aide d’une échelle, appelée “échelle de Zarit” du nom de son inventeur ou “inventaire du Fardeau”. Composée de vingt-deux questions sans tabou, elle permet d’estimer la lourdeur de la tâche qui pèse sur l’aidant.
Les aidants qui sont salariés rencontrent un grand déséquilibre entre leur vie professionnelle et vie personnelle. En effet, 75% des salariés aidants interrogés estiment que leur activité d’aidant a un impact négatif sur leur vie professionnelle (Baromètre Fondation April / BVA, oct. 2021). Pour la plupart d’entre eux, leur rôle d’aidant a une incidence sur leur concentration et leur efficacité au travail.
Les entreprises ont tout intérêt à accompagner leurs salariés aidants pour favoriser une main d’œuvre productive, retenir leurs talents et attirer de nouveaux travailleurs qualifiés. Ces sujets sont à aborder dans le cadre d’une réflexion globale sur les enjeux RSE.
Aujourd’hui, bien que les entreprises ne soient pas tenues légalement d’agir en faveur des aidants, un cadre incitatif se met progressivement en place. Deux actions ont permis d’influer sur l’équilibre des salariés aidants :
En France, près de 50% des aidants travaillent en entreprise. Aujourd’hui, ils représentent 1 salarié sur 6 et devraient représenter 1 salarié sur 4 d’ici 2030, selon l’INSEE. Au regard de l’allongement de l’espérance de vie et de la hausse du nombre de maladies chroniques, cette proportion ne fera qu’augmenter ! Ces chiffres démontrent que le rôle d’aidant est un réel sujet de société à prendre en considération. La modification structurelle des ressources des entreprises conduira inéluctablement les employeurs à s’adapter et à agir.
Un nouveau rapport de force est en train de s’installer dans le monde du travail. Face à la pénurie de candidats, l’employeur est tenu de faire des concessions et de s’adapter aux nouvelles attentes des candidats. Parmi ces exigences, la qualité de vie au travail est au cœur des préoccupations. « Les attentes évoluent, les entreprises qui ne prennent pas le virage ne s’en sortiront pas », précise le DRH Fabien Boivent. Les entreprises ont donc une réelle responsabilité vis-à-vis de leurs collaborateurs pour garantir leur bien-être, si elles veulent les retenir et attirer de nouveaux talents.
Cette exigence de bien-être est d’autant plus importante pour les salariés aidants. En effet, ils sont nombreux à devoir poser régulièrement des jours pour aider leur proche dépendant, à avoir des absences imprévues, à souhaiter des ajustements de leurs journées de travail ou à vouloir passer à temps partiel. Ils ont donc besoin de conditions flexibles pour concilier leur vie professionnelle et leur rôle d’aidant.
Certaines entreprises restent frileuses à l’idée d’employer des salariés aidants. Pourtant, face à un marché de l’emploi particulièrement tendu, les employeurs n’auront pas le choix que de s’adapter et de bousculer leurs méthodes. L’accompagnement des aidants constitue un enjeu essentiel des ressources humaines de demain.
Les RH peuvent jouer sur différents leviers pour accompagner au mieux leurs salariés aidants. Avant toute chose, soyez rassurés : l’entreprise n’a pas vocation à être un établissement médico-social. Il s’agit simplement de trouver le juste positionnement pour agir à son échelle.
Avant d’agir, il convient d’investir du temps dans un diagnostic interne pour appréhender les difficultés rencontrées par les salariés aidants au sein de son entreprise. En effet, même si les aidants ont des points communs, chaque situation a ses spécificités.
Nous vous donnons ici quelques exemples de marges de manœuvre, à adapter selon les résultats de votre diagnostic interne.
La sensibilisation constitue la toute première étape de communication et traduit une démarche volontarise de l’entreprise sur le sujet.
Le Docteur Hélène Rossinot explique : “Il est primordial de sensibiliser l’ensemble des travailleurs au sein de l’organisme, que ce soit pour déstigmatiser ceux qui sont concernés ou tout simplement pour les aider à se reconnaître eux-mêmes en tant qu’aidants.”
Vous pouvez par exemple partager à vos collaborateurs des informations sur le rôle de proche aidant, les aides auxquelles ils peuvent prétendre et les acteurs qui peuvent les accompagner (Ma Boussole Aidants, les CCAS, les CLIC, les organismes d’assurance maladie…).
Il est également primordial de porter les droits destinés aux aidants à la connaissance de l’ensemble de vos équipes : le congé de proche aidant, le don de RTT ainsi que le congé de solidarité familiale. Si la personne aidée est un enfant, il existe le congé de présence parentale et le congé en cas d’annonce d’un handicap ou d’une pathologie chez un enfant.
L’écoute et l’accompagnement constituent le prolongement des actions de sensibilisation. Il est important d’agir de manière graduelle pour ne pas sauter d’étapes. Nous vous invitons à former les managers pour acquérir les bonnes pratiques.
La posture de l’écoute active fait notamment partie des bons réflexes à adopter. Face à un salarié qui dévoile ses vulnérabilités individuelles, cette posture a pour objectif d’écouter, de questionner, d’aider l’autre à s’exprimer sans avoir un rôle de conseiller.
Cette formation est intéressante pour libérer la parole des salariés aidants : en effet, pour qu’un salarié se sente légitime à évoquer son statut d’aidant, il faut qu’il ait confiance dans les réactions de son entourage professionnel. Gwénaëlle Thual, présidente de l’Association Française des aidants, précise : « L’instauration d’un climat de confiance est un préalable nécessaire pour favoriser l’émergence de la parole. Mais, attention, tous les aidants n’ont pas besoin d’aide. L’idée est d’ouvrir la porte, d’orienter sans brusquer, forcer ni assigner. C’est faire en sorte que les aidants qui ont besoin et souhaitent une aide puissent la trouver aisément. L’entreprise peut jouer ce rôle de facilitateur ».
Pour aller plus loin, il est possible d’adopter plusieurs dispositifs :
Les mesures les plus plébiscitées par les aidants sont l’aménagement du temps de travail, la flexibilité des horaires, le télétravail. En ce sens, voici un éventail de solutions qui peuvent être instaurées dans votre entreprise :
Si vous souhaitez en apprendre davantage sur le sujet des salariés aidants, nous vous invitons à visionner le replay de notre webinar sur le même sujet.
Je souhaite développer l’inclusion de la maladie au travail