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Cancer du sein et travail : le témoignage de Marie Grégoire 

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Marie Grégoire

Avec plus de 50 000 nouveaux cas annuels en France, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes. En ce mois d’Octobre Rose, nous souhaitions lever le voile sur ce sujet encore trop tabou en entreprise.

Pour cela, nous avons choisi de donner la parole à Marie Grégoire, en rémission d’un cancer du sein depuis 3 ans. Découvrons son témoignage.

Quand avez-vous appris votre maladie et quelle a été votre réaction ?

J’ai appris mon cancer du sein à 40 ans, alors que j’étais salariée chez Monster, une grande entreprise de recrutement. Ce moment a été un réel tsunami. Je me suis rendue au contrôle médical en pensant qu’il s’agissait d’une simple formalité, et j’en suis ressortie avec l’annonce d’une tumeur cancéreuse au sein.

Avez-vous décidé d’en parler à votre entourage professionnel ?

Avant toute chose, il est important de rappeler que le salarié n’a aucune obligation légale à révéler sa maladie dans le contexte professionnel. Personnellement, j’ai choisi d’en parler très rapidement parce que ça fait partie de ma personnalité. Ce qui m’a aidée à me lancer, c’est d’avoir une totale confiance dans les réactions de mes collaborateurs et de mes supérieurs. Je me souviens avoir dit à mon manager de l’époque : “je connais la date de mon départ, mais pas celle de mon retour.” Et pour cause : la difficulté de cette maladie est que l’on avance vers l’inconnu, sans aucune visibilité sur le futur.

Avez-vous réussi à couper complètement avec votre vie professionnelle ?

J’ai fait le choix de complètement couper. Fermer cette porte du jour au lendemain a été une épreuve car mon travail représentait une part importante de ma vie, mais c’était nécessaire pour me concentrer sur ma guérison. En revanche, il me semble important de souligner que chaque personne vit la maladie à sa façon : j’ai parfois croisé des femmes lors de mes séances de radiothérapie qui effectuaient leur traitement à 7h pour être au bureau à 8h ! C’était pour elles une manière de se raccrocher au quotidien et de ne pas s’isoler.

Avez-vous gardé contact avec vos collègues durant votre arrêt maladie ?

Durant mon arrêt maladie, qui a duré deux ans et demi, j’ai maintenu un lien avec certains collègues et clients. Ils ont tous fait preuve d’une grande délicatesse et ont trouvé le juste équilibre, en se montrant présents sans en faire trop. Des clients m’ont même offert un bouquet de fleurs lorsque je suis sortie de l’hôpital.

Qu'est-ce qui vous a le plus aidée à surmonter cette épreuve ?

60% de la guérison, c’est l’entourage. Tout simplement parce que l’entourage, c’est le moral ! Lorsque vous tombez et que vous n’avez plus de force, ce sont toujours vos proches qui vous aident à remonter en selle. Pour ma part, j’ai eu la chance de pouvoir compter sur ma famille, mes amis et un mari en or.

Avec mon mari, nous avions décidé de ne pas mentionner mon cancer devant les enfants (qui avaient 9 et 12 ans à cette période). Finalement, ils s’en sont aperçus d’eux-mêmes. C’était une erreur de vouloir les préserver et si c’était à refaire, je prendrais le temps de leur expliquer. On a souvent tendance à sous-estimer la capacité d’adaptation d’un enfant face à une épreuve difficile.

Avez-vous bénéficié d’un suivi psychologique ?

Il faut savoir qu’à l’annonce d’un cancer, le protocole thérapeutique vous impose un suivi psychologique. J’étais sceptique au début, et finalement, ma psychologue m’a accompagnée sur le long-terme et a été un véritable soutien à chaque étape de ma maladie. Elle m’a aidée à davantage vivre dans l’instant présent, à ne pas chercher à anticiper les scénarios de l’évolution de la maladie, qui sont hors de notre portée. La méditation en pleine conscience m’a permis de renforcer cet ancrage à la réalité du moment.

Comment s’est passé votre retour au travail ?

C’est le deuxième tsunami que j’ai vécu. Après avoir subi de lourdes chirurgies, dont une double mastectomie avec reconstruction immédiate, je n’étais pas totalement prête psychologiquement. Je suis revenue en mi-temps thérapeutique, puis à 80% avant de reprendre à temps plein, environ un an après mon retour. Je n’ai pas pu retrouver le même poste que j’avais avant la maladie, car il était occupé, mais on m’a confié un travail similaire.

L’erreur de l’entreprise, selon moi, c’est de penser qu’un salarié qui revient d’un long arrêt sera le même qu’avant. Les compétences reviennent facilement, c’est comme le vélo, il suffit de se remettre à pédaler. En revanche, l’expérience de la maladie peut profondément changer l’état d’esprit d’une personne et son sens des priorités.

Même si les histoires de chacune sont différentes, avez-vous un conseil à donner aux femmes touchées par un cancer du sein ?

Si je ne devais donner qu’un conseil, qui me semble universel, ça serait : parlez-en ! À un psy, à une amie, à votre compagnon, peu importe. Il faut absolument se libérer du poids de la maladie en parlant.

Et pour finir, quels conseils donneriez-vous aux employeurs qui ont une collaboratrice touchée par le cancer ?

Mon premier conseil serait de préserver son salarié des tracas financiers et administratifs. Un salarié en arrêt maladie longue durée a, en effet, une grande charge administrative et une perte financière très lourde. Combinées à l’angoisse de la maladie, c’est la double peine !

Ensuite, au retour du collaborateur, je recommande aux employeurs :

  • D’être une oreille attentive : laisser le collaborateur s’exprimer et lui poser des questions ;
  • De lui expliquer ce qu’il s’est passé pendant son arrêt maladie : le salarié doit comprendre comment son manager a fait tourner la boutique en son absence ;
  • De le questionner : il faut essayer de trouver un consensus pour une reprise en douceur. Pour cela, on peut questionner le salarié en l’interrogeant : “comment te projettes-tu dans le futur ?”, “dans quel état d’esprit es-tu ?” ou encore “qu’est-ce qu’il est possible de faire pour toi ?”.

Pour conclure, nous souhaitons inviter toutes les femmes qui nous lisent à se faire dépister. Il est recommandé de faire examiner ses seins (observation et palpation) une fois par an à partir de 25 ans par un médecin généraliste, un gynécologue ou un sage-femme. Une détection précoce d’une anomalie augmente nettement les chances de guérison : elle permet à 99 femmes sur 100 d’être en vie 5 ans après le diagnostic.

Je souhaite développer l’inclusion de la maladie au travail

par Pauline Bisseret
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