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L’entreprise face aux urgences actuelles : interview de Georges Basdevant et Mathilde Hébert 

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Interview croisée

Longtemps limitée à la seule production de richesse économique, l’entreprise est désormais attendue au tournant sur les sujets sociaux et environnementaux. Quelle est sa responsabilité face à la situation actuelle ? Et surtout, quelles solutions peut-elle apporter ?

Pour y répondre, nous avons rencontré deux experts du sujet : Georges Basdevant, cofondateur de Captain Cause, une plateforme qui permet de créer un pont entre entreprises et associations, et Mathilde Hébert, cofondatrice de Ma Petite Planète, un challenge de trois semaines proposant des défis écologiques à vivre avec ses collègues ou son entourage.

À l’heure de l’urgence climatique, quelle responsabilité ont les entreprises selon vous ?

Georges 

Les entreprises ont une responsabilité énorme, au même titre que les individus et les États.  

J’aime beaucoup l’étude “Faire sa part” de Carbone 4, qui quantifie objectivement d’où les efforts doivent venir : concrètement, l’étude démontre que le combat doit être mené collectivement. Les individus, les entreprises et les États doivent agir dans la même direction et ont chacun un rôle déterminant face à l’urgence climatique.  

Singulièrement, les entreprises ont une vraie responsabilité car elles sont donneuses d’ordre sur le plan économique et façonnent nos modes de consommation. Elles devraient montrer la voie.  

Mathilde 

On parle en effet souvent du triangle de l’inaction : les individus, les responsables politiques et les entreprises se renvoient la balle pour pointer les responsabilités des autres.  

Mon sentiment personnel, c’est que les entreprises doivent être motrices sur ces enjeux-là et ne pas attendre que les réglementations évoluent ou que la pression augmente de la part des consommateurs. 

Comment peuvent-elles contribuer à un futur plus souhaitable ?

Georges 

En premier lieu, il est nécessaire que les entreprises nous proposent un imaginaire au-delà de celui de la société de consommation qui façonne le monde contemporain depuis les années 50. Cet imaginaire reste encore à définir, il peut se situer du côté de la sobriété, du minimalisme ou bien de la frugalité heureuse. 

Ensuite, je pense que les entreprises devraient d’abord contribuer à un futur juste ”viable” avant d’envisager un futur souhaitable. Pour cela, elles peuvent se doter de plans de neutralité, définir leurs trajectoires sur les enjeux sociaux et environnementaux et limiter les activités délétères à notre futur et au vivant. Sur ce dernier point, certains secteurs vont devoir se transformer radicalement.  

Mathilde : 

Ce que je rappelle souvent aux entreprises avec lesquelles on travaille, c’est qu’il y a trois angles d’attaque. 

Le premier, c’est d’intégrer les problématiques sociales et environnementales au cœur de leur activité. De nombreux entrepreneurs ouvrent les voies d’une autre économie en créant des sociétés “impact by design”, mais il est aussi possible de changer de business model en cours de route en devenant entreprise à mission.  

Le deuxième angle concerne le processus de fabrication ou le mode opératoire. Les sociétés de biens, par exemple, peuvent faire appel à l’économie circulaire plutôt que de faire de l’économie extractive.  

Enfin, l’entreprise peut réaliser des actions de philanthropie. Attention toutefois à ne pas tomber dans le greenwashing : la philanthropie ne doit pas être une manière de « compenser » des activités néfastes par ailleurs ! Idéalement, l’entreprise philanthrope doit avoir des engagements sincères sur son cœur de métier et son mode opératoire.  

En dehors des indicateurs financiers traditionnels, quels sont les nouveaux indicateurs à prendre en compte pour évaluer le succès d’une entreprise ?

Georges :   

Il me semble essentiel de passer d’un référentiel unique à un référentiel plus complexe qui comprend des dizaines d’indicateurs.  

La notation EcoVadis, par exemple, est intéressante afin d’évaluer la performance d’une entreprise en dehors du prisme de la rentabilité. Elle comprend 21 indicateurs de durabilité répartis sur quatre thématiques : le social et les droits de l’Homme, l’environnement, l’éthique et la gouvernance ainsi que la politique d’achats responsables. 

Tout l’enjeu sera de faire en sorte que ces nouveaux indicateurs puissent avoir un poids fiscal ou économique. Les entreprises qui seront excellentes sur ces critères seront alors favorisées, tandis que celles qui ne s’engagent pas seront pénalisées.  

Mathilde : 

Les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) prennent de plus en plus de place et permettent d’évaluer un acteur économique en dehors des critères financiers habituels.  

Sur le plan environnemental, je pense que les entreprises devraient davantage s’emparer du sujet de la biodiversité, parallèlement aux enjeux de neutralité carbone. J’ai conscience qu’il n’est pas simple d’évaluer la complexité de la biodiversité par un indicateur unique. L’une des façons de mesurer notre impact sur la biodiversité consiste à évaluer notre lien à l’économie circulaire : une société qui fait appel à l’économie circulaire contribue indéniablement à la préservation des ressources et à la protection des écosystèmes. 

Au niveau social, il peut être intéressant de se concentrer sur l’égalité salariale, l’égalité d’opportunité, le taux de turn-over, etc. Bien évidemment, la dimension sociale s’étend en dehors du cadre de l’entreprise et implique toutes les parties prenantes de l’entreprise, tels que ses fournisseurs.  

Enfin, sur l’aspect gouvernance, on peut se questionner : l’entreprise est-elle transparente ? Est-ce que le pouvoir décisionnaire est partagé ? 

Ces critères extra-financiers sont nombreux et peuvent être évalués par des entreprises ou des labels, tels que le label B-Corp.

Sur le court terme, la prise en compte de ces indicateurs peut représenter un coût, mais c’est en réalité un investissement. Une société qui évalue son impact est tournée vers l’avenir et s’ouvre de nouvelles perspectives.  

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par Pauline Bisseret
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